Le port de Dijon, au cœur des réflexions urbaines depuis plus de 200 ans.
Le port de Dijon proprement dit s’étend sur sept hectares dont trois de plan d’eau. Aujourd’hui, il est dévolu à la plaisance et aménagé en espace public, accueillant un monument à Gustave Eiffel et un obélisque.
Le bassin de port, rive gauche, a été conçu avec une île au centre et des quais formant cinq pans coupés. Un aqueduc et un déversoir de fond régulent l’alimentation en eau. Des immeubles d’habitation modernes l’entourent. Le pont de Larrey ouvre le port et le site d’écluse 55 du versant Saône le ferme en aval. Une belle maison de perception est en retrait, derrière la maison éclusière, toutes deux donnant sur le tramway inauguré en 2012. Ce lieu d’apparence si contemporain est pourtant le fruit d’une longue série de remaniements.
Dès 1774, Pierre-Joseph Antoine, sous-ingénieur des États de la Province, propose de doubler la surface de la ville de Dijon autour d’un port en étoile : ce premier projet d’urbanisme grandiose, appelé « Port-sur-Ouche-lès-Dijon », ne sera jamais réalisé. Un autre projet de 1780, dressé par Jean-Rodolphe Perronet, est accepté puis rejeté. Le 15 juillet 1784, les élus de la province approuvent le plan du port de Dijon, dressé par l’ingénieur Gauthey. Il est installé sur le cimetière de l’hôpital général et sur un terrain appartenant au séminaire. L’obélisque, érigé par Emiland Gauthey, commémore la pose de la première pierre du canal par le prince de Condé à Saint-Jean-de-Losne en 1784. Le port lui-même est construit l’année suivante par Edme-Nicolas Machureau, entrepreneur des Etats de Bourgogne. L’installation est fonctionnelle en 1808 pour l’ouverture à la navigation de la section du canal entre Dijon et Saint-Jean-de-Losne. Les environs sont alors inhabités. Outre les travaux d’entretien (curage, etc.), le port est ensuite régulièrement modifié : construction d’un mur de soutènement sur la rive droite du bassin à partir de 1845, d’après le projet du conducteur Valotte ; établissement de barrières de clôture et de « cabinets d’aisance » en 1888 ; restauration des murs de quai par l’entrepreneur dijonnais Marchandon d’après le projet de l’ingénieur Cléry en 1902. « Le quartier du port qui résulte de cette évolution hasardeuse du XIXe siècle, entrepôts, magasins, logements, ne présentait aux yeux des Dijonnais du XXe siècle aucun souci d’harmonie ou d’unité classique. »
« Plan du port de Dijon indiquant la distribution des emplacements pour le dépôt des marchandises », dressé par l’ingénieur Jean Bonnetat. Plan manuscrit, 1836. Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 a 129, réutilisation soumise à conditions.
© J.-L. Duthu, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2007.
En 1949, le plan Sébille prévoit le déplacement du port au sud de la ville vers Longvic « au-delà des ateliers de la SNCF, à la hauteur de la ferme de la Noue ». Le plan d’eau, désaffecté, aurait servi de cadre pour l’accès à une nouvelle gare ferroviaire qui ne sera jamais réalisée. En 1977, la Ville, le Département et la Chambre de commerce décident le transfert des installations portuaires à Longvic. Le port de Dijon se consacre maintenant à la plaisance. Si la maison de perception n’a plus de rôle lié au canal, la maison éclusière et de garde de l’écluse 55 est conservée, servant toujours à la gestion moderne de la voie d’eau. Sur les 70 000 m² de terrains libérés, des immeubles à logements ont été construits, et le reste restructuré par André Holodynski, directeur des espaces verts de Dijon et concepteur des parcs de la ville dans les années 1970-1980.
Texte et photos transmis par Jean-Pierre ROUSSELOT, référent de l’ANMAM pour le départemental de la côte d’Or et membre du conseil d’administration.